Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/250

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possibilité de le satisfaire. Je suis immensément occupé et, pour vous dire la vérité, très malade, sans que je puisse découvrir ce que j’ai. Un malaise incroyable ; je dors dans les rues, etc. ; enfin, c’est peut-être le printemps. J’ai entrepris un opéra en cinq actes dont je fais tout, paroles et musique. J’en suis au troisième acte du poème ; j’ai fini hier le deuxième. Ceci est entre nous ; je le cisèlerai à loisir après l’avoir modelé de mon mieux ; je ne demande rien à personne en France. On le jouera où je pourrai le faire jouer : à Berlin, à Dresde, à Vienne, etc., ou même à Londres ; mais on ne le jouera à Paris (si on en veut) que dans des conditions tout autres que celles où je me trouverais placé aujourd’hui. Je ne veux pas remettre ma tête dans la gueule des loups ni dans celle des chiens.

Nous avons eu à Weimar des scènes incroyables au sujet du Lohengrin de Wagner… Ce serait trop long à vous raconter. Il en est résulté des histoires qui font encore long feu en ce moment dans la presse allemande.

Adieu, mon cher Morel ; je sais que votre affaire avec Brandus est enfin terminée. Il était temps. Bennet est à Nancy avec son fils. Je ne vois jamais le fils de Lecourt, j’aurais pourtant bien du plaisir à causer quelquefois avec lui. On dit que c’est un charmant garçon.

C’est comme le petit Daniel Liszt. Son père m’annonce ses visites et je ne l’ai jamais vu. J’attends un mot de vous très prochainement.