Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/253

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violentes, turbulentes, et ressemblent d’autant plus à des chœurs de buveurs entremêlés d’éclats de rire, que chaque partie vocalise sur la première syllabe du mot a…a-a-a-a-men, ce qui produit l’effet le plus grotesque et le plus indécent. Ces fugues traditionnelles ne sont que d’insensés blasphèmes.

Quant aux jeux de mutation de l’orgue, c’est le charivari organisé et je ne puis les entendre sans horreur.

L’habitude, l’usage, la routine sont les soutiens de ces barbaries que nous légua l’ignorance du moyen âge ; si j’étais encore un artiste guerroyant comme autrefois, je vous dirais : Delenda est Carthago ! Mais je suis las et obligé de reconnaître que les absurdités sont nécessaires à l’esprit humain et naissent de lui comme les insectes naissent des marécages. Laissons les uns et les autres bourdonner !


LXXXIV.

À M. BENNET.


Paris, 26 ou 27 janvier (1857).

Oui, Théodore a raison : votre papier pelure qui boit l’encre m’a fortement agacé les nerfs, qui sont déjà si malades. Changez donc de parchemin pour m’écrire à l’avenir.

Je vous remercie néanmoins, et très cordialement, de votre bonne et réconfortante lettre. Mais je n’ai pas besoin, autant que vous le croyez, d’être encouragé à continuer mon travail. Tout malade que je suis, je vais toujours ; ma