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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/286

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Il se passe en ce moment des choses si étranges dans notre monde de l’art ! On ne peut pas sortir à l’Opéra des études du Tannhäuser de Wagner ; on vient de donner à l’Opéra-Comique un ouvrage en trois actes d’Offenbach (encore un Allemand) que protège M. de Morny. Lis mon feuilleton qui paraîtra demain sur cette horreur.

Tu as ri de l’histoire des cantatrices chinoises, dans le dernier ; mais tu ne sais pas que je pensais en t’écrivant à une de tes connaissances, mademoiselle X***, qui, dans un concert, a égorgé des cavatines de la façon la plus révoltante. Jamais cuisinière ne chanta ainsi ! J’étais furieux. Et, comme elle tournait autour de moi, après son exécution, pour me soutirer un compliment, j’étais bien décidé, si elle m’eût fait une question, à lui répondre : « Mademoiselle, c’est horrible ! et vous devriez vous cacher ! » Elle va être furieuse de n’être pas nommée dans mon compte rendu. Tu ne me dis pas quel est ton titre maintenant, quels sont en somme tes appointements. Je ne sais à cet égard rien de positif. Et quand reprends-tu la mer ?

Le Théâtre-Lyrique va toujours fort mal. Il commence à ne plus payer ses artistes.

Bénazet est ici ; il m’a engagé pour Bade. Je lui ai promis mon opéra en un acte pour son nouveau théâtre qu’on bâtit à Bade.

Voilà toutes mes nouvelles. Adieu, cher ami ; je t’embrasse, nous t’embrassons de tout notre cœur.