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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/293

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ri des polissonneries d’une orchestration bouffonne, il a ri des naïvetés d’un hautbois ; enfin il comprend donc qu’il y a un style en musique.

Quant aux horreurs, on les a sifflées splendidement.

Tâchez donc de ne jamais mieux jouer que la dernière fois ; si vous continuez à faire des progrès, vous tomberez dans le puits de l’Avenir.

La perfection suffit.


CVI.

À LOUIS BERLIOZ.


Mardi, 21 mars [1861].

Cher Louis,

Je ne sais si ce billet te parviendra. Je te l’écris cependant pour te souhaiter un bon voyage et t’embrasser avant ton départ. Je profite d’un instant où je suis seul dans la chambre du jury. C’est pour moi une corvée abominable que cette session du jury. Ce matin, j’ai dû faire un tel effort pour me lever que les vomissements m’ont pris. En ce moment je vais mieux. La deuxième représentation du Tannhäuser a été pire que la première. On ne riait plus autant ; on était furieux, on sifflait à tout rompre, malgré la présence de l’empereur et de l’impératrice qui étaient dans leur loge. L’empereur s’amuse. En sortant, sur l’escalier, on traitait tout haut ce malheureux Wagner de gredin,