Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/335

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stupide. Tout le monde dans la famille a lu et relu le volume des Mémoires. Elle m’a doucement reproché d’avoir imprimé trois de ses lettres ; mais sa belle-fille m’a donné raison et, au fond, je crois qu’elle n’en est plus fâchée…

Je tremble déjà en pensant au moment où il me faudra partir. Le pays est charmant, le lac est bien pur, bien beau et bien profond ; mais je connais quelque chose de plus profond encore, et de plus pur, et de plus beau. Adieu, chers amis.


CXXXVII.

À MADAME MASSART.


Paris, 15 septembre 1865.

Bonjour, madame ! Comment vous portez-vous ? comment va Massart ? Je suis tout désorienté de ne pas vous retrouver à Paris. J’arrive de Genève, de Grenoble, de Vienne et lieux circonvoisins, tout aussi malade que quand je suis parti. Les deux premiers jours de mon arrivée à Genève m’ont fait croire à une délivrance complète, je ne souffrais plus du tout ; mais les douleurs sont revenues plus âpres qu’auparavant.

Êtes-vous heureuse de ne connaître rien de pareil ! Je profite d’un moment de répit que me laissent mes douleurs pour vous écrire. Vous allez dire en riant, ou rire en disant : « Pourquoi m’écrire ? » Sans doute, vous trouveriez bien plus naturel que je n’eusse pas cette idée saugrenue ; mais,