Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/338

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CXXXVIII.

À LOUIS BERLIOZ.


6 novembre 1865.

Cher ami,

Je ne t’ai pas écrit hier, j’étais très souffrant et d’une humeur de dogue.

Figure-toi que l’acquéreur de mon domaine du Jacquet qui devait me payer ces jours-ci vingt mille francs, qui s’y est engagé par écrit dans le contrat, me fait dire tout simplement qu’il n’est pas en mesure et qu’il me payera une forte somme à Pâques, c’est-à-dire dans six mois et demi. C’est là que tu te mettrais en fureur… Tu vois que les écrits ne font pas plus que les paroles. Mon beau-frère me dit qu’il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, parce que ce monsieur est riche. Mais j’aimerais mieux un pauvre qui paye qu’un riche qui ne paye pas. J’ai toujours cinq cents francs à toi, si tu m’en envoies cinq cents autres, j’achèterai des obligations ottomanes qui te rapporteront quatre-vingt-dix francs par an (pour mille francs). D’après mon calcul, l’inexactitude de mon acquéreur me fera perdre au moins neuf cents francs, puisqu’il ne me donne en revenu que 5 pour 100 et que j’eusse reçu 9 en plaçant la somme dans les obligations ottomanes.

D’ailleurs, c’est d’un sans-gêne incroyable, et ce serait curieux si la Banque de France, qui, elle aussi, est riche, s’avisait, quand on lui présente un billet, de dire qu’elle