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CLII.

À M. ET MADAME MASSART.


Saint-Pétersbourg, 18 janvier 1868.

Chère madame Massart,

J’arrive de Moscou et, en rentrant dans mon salon, je trouve un petit monceau de lettres, au nombre desquelles la vôtre ne me cause pas la plus vive joie, parce qu’il y en a une autre, vous devinez de qui, que je n’espérais pas. La vôtre, cependant, m’a fait bien plaisir. Elle aurait dû me laisser indifférent ; mais, quoi ! on n’est pas parfait. J’ai lu, tout de même, vos lignes si cordiales et j’y réponds aujourd’hui. La place Michel est silencieuse sous son manteau de neige ; les corbeaux, les pigeons et les moineaux ne remuent pas ; les traîneaux ne courent pas ; il y a un grand enterrement, celui du prince Dolgorouki, où va l’empereur avec toute la cour et auquel, en conséquence, tout le monde assiste.

Mon programme du concert de samedi prochain est fixé. Je n’y suis pour rien, heureusement ; car, au suivant et dernier, je serai pour tout. Oh ! quelle joie quand j’aurai battu la dernière mesure du final d’Harold ! quand je pourrai me dire : « Je pars pour Paris dans trois jours, c’est-à-dire au commencement de février. » Je ne puis résister à ce climat. J’ai moins souffert à Moscou. Et quels enthousiasmes ! Le premier concert avait lieu dans la salle du Manège ; il y avait dix mille six cents auditeurs. Et quand j’ai vu tout