Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pu trahir ses convictions et il affectait vis-à-vis des médiocrités un dédain voisin de l’impolitesse. Liszt, au surplus, lui rendait procédés pour procédés, transcrivant la Symphonie fantastique, jouant dans les nombreux concerts que le jeune maître donnait, l’hiver, avec un succès toujours croissant. Ici, rappelons quelques dates pour l’agrément des archéologues : la première audition de Sarah la Baigneuse et de la Belle Irlandaise eut lieu le 6 novembre 1834, au Conservatoire ; Harold fut donné au second concert de cette série : « On s’aborde partout en s’entretenant de la Marche des Pèlerins », disaient les feuilles du temps ; la mélodie du Cinq Mai et celle du Pâtre breton furent entendues pour la première fois le dimanche 22 novembre 1835. Berlioz et Girard, « l’excellent chef d’orchestre du Théâtre Nautique », plus tard, chef d’orchestre à l’Opéra, s’étaient associés ; mais, Girard ayant été insuffisant dans l’exécution de certains morceaux, l’union se rompit et Berlioz s’en alla tout seul aux Menus-Plaisirs ; car il changeait de salle de concerts aussi souvent que d’appartements privés, voyageant du Vaux-Hall à la rue Vivienne et du Garde-Meuble de la rue Bergère au Gymnase musical, situé sur le boulevard Bonne-Nouvelle[1]. Le bruit, commençait à se faire autour de son nom ; si l’argent lui manquait parfois, les ennemis déjà ne lui manquaient pas. M. Fétis jeune l’attaquait dans je ne sais quelle feuille de chou ; Arnal le parodiait au bal de l’Opéra, pendant que les masques dansaient des quadrilles, que les débardeurs faisaient vis-à-vis aux pierrettes, que la folie agitait ses grelots (style d’alors), et que Musard soufflait dans ses cornets à pistons : « Oui, messieurs, s’écriait Arnal, je vais faire exécuter devant vous une symphonie pittoresque et imitative, intitulée Épisode de la

  1. Voir la Gazette musicale, passim : aux nouvelles de la semaine.