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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/55

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En juin 1843, Berlioz revint à Paris pour s’occuper d’un opéra, la Nonne sanglante, qu’il n’acheva jamais. Il trouva chez lui, en rentrant, un ordre de l’empereur de Russie, lui enjoignant d’arranger des plains-chants grecs à seize parties, en quadruple chœur. Vers la même époque, il fut nommé membre de l’Académie romaine de Sainte-Cécile, puis il reprit ses concerts. Concert à la salle Herz (3 février 1844) et première audition de l’ouverture du Carnaval romain ; concert spirituel à l’Opéra-Comique, le samedi saint, 6 avril ; concert aux Italiens, où il s’emporte contre deux dames qui causaient dans une loge tandis qu’on exécutait la Marche des Pèlerins[1] ; enfin concerts au palais de l’Industrie et au Cirque des Champs-Élysées (janvier 1845). Là, fut joué un morceau dont nous avons complétement perdu la trace : l’ouverture de la Tour de Nice, écrite par l’auteur, pendant un séjour de quelques semaines dans un vieux donjon, sur le bord de la mer. Le morceau était, paraît-il, tout à fait bizarre, entrecoupé de sifflements, de hurlements, de cris de chouettes, de bruits de chaînes. Il ne plut guère à l’auditoire et l’auteur fut sans doute du même avis que ses juges, puisqu’il remplaça sur l’affiche l’ouverture de la Tour de Nice par le Désert de Félicien David, artiste charmant, frais éclos, et qui n’en était plus à faire jouer, sous la direction de Valentino, des nonetti pour instruments à piston[2].

Après l’Allemagne du Nord, Berlioz visita l’Autriche. « Nos dames, écrivait un Viennois, portent des bracelets, des bagues et des boucles d’oreilles à la Berlioz, c’est-à-dire avec son portrait[3]. » Les peintres recherchaient l’hon-

  1. Gazette musicale, année 1844, p. 167.
  2. Ibid., année 1840, p. 179.
  3. Ibid., année 1845, p. 411.