Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/54

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chef d’orchestre, à propos du Sabbat de la Symphonie fantastique, exécuté presque en même temps que la Première Nuit du Sabbat, à Leipzig. Le compositeur parisien remercia par une lettre le compositeur allemand ; nous avons eu la chance inespérée de retrouver le texte du billet :

Leipzig, 2 février 1843.

Au chef Mendelssohn.

« Grand chef, nous nous sommes promis d’échanger nos tomawacks ! Voici le mien, il est grossier, le tien est simple !

»Les Squaws seules et les Visages-Pâles aiment les armes ornées. Sois mon frère, et, quand le Grand-Esprit nous aura envoyés chasser dans le pays des âmes, que nos guerriers suspendent nos tomawacks amis à la porte du conseil[1]. »

Nous n’insisterons pas. Il nous est douloureux de constater que la justice et le sentiment du beau se sont rencontrés ailleurs que chez nous et, qui pis est, chez nos plus implacables adversaires. Au moment où l’Allemagne tressaillait aux accents des mâles symphonies du maître, nous raffolions, nous, d’opéra-comique ; nous essayions d’implanter ce genre absurde dans les cinq parties du monde et une troupe de chanteurs se préparait à s’embarquer dans le port de Brest. La troupe était au complet ; elle avait une prima donna, une dugazon, un ténor, des barytons, un régisseur. Quant à sa destination, on ne la devinerait jamais. Ces messieurs et ces dames allaient faire connaître les beautés du Domino noir, de Zampa, et de Fra Diavolo aux sauvages des îles Marquises[2] !!!!!

  1. Collection de madame Vieweg de Brunswick. Ce billet a été reproduit dans la nouvelle édition de l’ouvrage du docteur Nohl : Musiker Briefe, p. 74, Leipzig, Dander et Humblot, 1873.
  2. Gazette musicale, année 1843, p. 348.