qui n’était pas dans la confidence, écrivait deux jours après : « Cette pastorale m’a paru assez jolie et modulée assez heureusement, pour un temps où l’on ne modulait jamais… » Une dame enthousiasmée disait à un journaliste : « Ce n’est pas votre Berlioz qui ferait cela ! »
Le faux Pierre Ducré ressentit quelque amertume de ce succès calomnieux pour ses œuvres antérieures. L’Enfance du Christ, complétée et remaniée, fit recette à la salle Herz, pendant plusieurs soirées de suite[1]. Ce triomphe ne consola pas Berlioz du second échec que Benvenuto venait de subir à Londres, où les partisans de la musique italienne et de la vieille Société philharmonique dominaient encore. Le public de Weimar fut d’un avis contraire à celui du public anglais. Benvenuto, à Weimar, prit une revanche éclatante de ses autres déconvenues. Berlioz, étant venu à la représentation, on le célébra en langue allemande, en français, et même en latin. Nous avons découvert les paroles d’un toast, mis en musique par Raff, et chanté en chœur par l’élite des Weimarquois : c’est à pouffer de rire :
Tandem implevisti :
Venit nobis gaudium
Quia tu venisti.
Sicuti coloribus
Pingit nobis pictor ;
Pictor es eximius,
Harmoniæ victor.
Vives, crescas, floreas,
- ↑ Voici la distribution des personnages : la sainte Vierge, madame Meillet. — Saint Joseph, M. Meillet. — Hérode, Depassio. — Père de famille, Battaille. — Un récitant, Jourdan. — Un centenier, Chapron. — Polydorus, M. Noir. — Le trio des flûtes était joué par MM. Brunot, Magnier et Prumier.