Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que jamais ces messieurs n’y consentiraient, et il est fort désagréable de se voir contre-carré par une volonté contre laquelle la sienne propre est impuissante. Je dois vous dire que vous faites quelquefois les choses trop précipitamment. Il faut, je crois, réfléchir beaucoup à ce qu’on projette, et quand les mesures sont prises, frapper un tel coup que tous les obstacles soient brisés. La prudence et la force, il n’y a au monde que ces deux moyens de parvenir. Je crains qu’on ne me laisse pas partir avant samedi ou même lundi prochain. Je suis toujours malade, je ne me lève pas tous les jours, et il fait un froid terrible. Et tout ce temps se perd… et j’ai tant de mois encore à dévorer !…

Oui, mon cher ami, je dois vous faire un mystère d’un chagrin affreux que j’éprouverai peut-être longtemps encore ; il tient à des circonstances de ma vie qui sont complétement ignorées de tout le monde (C… excepté) ; j’ai au moins la consolation de le lui avoir appris sans que… (assez).

Quoique je sois forcé d’être mystérieux avec vous sur ce point, je ne crois pas que vous ayez de raison de l’être avec moi sur d’autres. Je vous supplie donc de me dire ce que vous entendez par cette phrase de votre dernière lettre : « Vous voulez faire un sacrifice ; il y a longtemps que j’en crains un que, malheureusement, j’ai bien des raisons à croire que vous ferez un jour. » Quel est celui dont vous voulez parler ? Je vous en conjure, dans vos lettres, ne parlez jamais à mots couverts, surtout quand il s’agit d’elle. Cela me torture. N’oubliez pas de me donner franchement cette explication.

Écrivez-moi poste restante, à Rome, en ayant soin d’affranchir