Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/100

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des albums ! encore des chanteurs ! encore des dieux ! encore des hommes ! La terre a fait depuis l’année dernière un trajet de quelque soixantaine de millions de lieues autour du soleil. Elle est partie, elle est revenue (à ce qu’on dit à l’Académie des Sciences). Et pourquoi s’est-elle donné tant de mouvement ? Pourquoi faire un si grand tour ? Pour quel résultat ?… Je voudrais bien savoir ce qu’elle pense, cette grosse boule, cette grosse tête dont nous sommes les habitants ; oui (car, quant à douter qu’elle pense, je ne me le permettrai certes point. Mon pyrrhonisme ne va pas jusque-là ; ce serait aussi ridicule que si l’un des habitants de M. XXX le grand mathématicien, se permettait de mettre en doute la faculté de penser de son maître.) Oui donc, je suis curieux de savoir ce que cette grosse tête pense de nos petites évolutions, de nos grandes révolutions, de nos nouvelles religions, de notre guerre d’Orient, de notre paix d’Occident, de notre bouleversement chinois, de notre orgueil japonais, de nos mines d’Australie et de Californie, de notre industrie anglaise, de notre gaieté française, de notre philosophie allemande, de notre bière flamande, de notre musique italienne, de notre diplomatie autrichienne, de notre grand mogol et de nos taureaux espagnols, et surtout de nos théâtres de Paris, desquels il faut que je parle à tout prix. C’est-à-dire, entendons-nous, je ne tiens à savoir la pensée de la terre que sur ceux de nos théâtres où l’on dit que l’on chante ; et même (bien que nous en possédions à cette heure cinq bien comptés) je n’ai