Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/128

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des jeux, M. Bénazet, s’acheminent alors en criant : À Bade ! à Bade ! à Bade ! c’est la saison.

Et les saisons de Bade sont depuis quelques années organisées de façon à décourager toute concurrence. La plupart des hommes célèbres et des beautés illustres de l’Europe s’y donnent rendez-vous. Bade va devenir Paris, plus Berlin, Vienne, Londres et Saint-Pétersbourg, surtout quand on saura le parti que vient de prendre M. Bénazet et que je vais vous dire.

Tout n’est pas fait quand, pour charmer le public élégant, on est parvenu à le mettre en contact avec les hommes qui ont le plus d’esprit, avec les femmes les plus ravissantes, avec les plus grands artistes, à lui donner des fêtes magnifiques ; il faut encore garantir cette fleur de la fashion de l’approche des individus désagréables à voir et à entendre, dont la présence seule suffit à ternir un bal, à rendre un concert discordant ; il faut écarter les femmes laides, les hommes vulgaires, les sottes et les sots, les imbéciles, en un mot les cauchemars. C’est ce dont nul imprésario avant M. Bénazet ne s’était encore avisé. Or il paraît certain que Mme  ***, si sotte et si laide, Mlle  ***, dont les allures sont si excentriquement ridicules. M ***, si mortellement ennuyeux, M ***, son digne émule, et beaucoup d’autres non moins dangereux, ne paraîtront plus à Bade de longtemps. Après des négociations assez difficiles, et au moyen de sacrifices considérables, M. Bénazet s’est assuré pour trois saisons de leur absence.

Si ce bel exemple est suivi, et il le sera, n’en dou-