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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/135

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simplement ! Voilà de quelle façon on doit interpréter les maîtres ; c’est délicieux, admirable ! Ah ! vous comprenez Mozart ! »

Le chef d’orchestre à part : « Krrrrr !!! »




On a un billet avec vingt francs.


Vivier ayant une fois déterminé de cette manière originale le prix des places pour un concert qu’il se proposait de donner, un pauvre joueur de cor de la barrière Pigalle vendit tout ce qu’il pouvait vendre et courut chez le célèbre virtuose.

Arrivé devant le n° 24 de la rue Truffaut à Batignolles, il entre tout palpitant, monte au second, frappe à une petite porte (Vivier le millionnaire affecte des allures fort modestes). Un monsieur barbu, portant un coq sur son épaule gauche et un long serpent à sa main droite, vient ouvrir.

— M. Vivier ?

— C’est moi, monsieur.

— On m’a assuré qu’on pouvait obtenir chez vous, avec vingt francs, un billet pour le concert ? (Admirez cette flatterie, le concert ! comme s’il ne devait y avoir que le concert de Vivier à Paris !) Je suis un peu cor aussi, et j’ai même un peu de talent, quoiqu’on n’ait ja-