Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réelle. N’est-ce pas là une tartuferie stupide en style lapidaire ? Et quand ce serait une vérité, qui demande aux théâtres cette fonction dépurative ? Nigauds ! Épurez votre répertoire, épurez la voix de vos chanteurs, épurez le style de vos auteurs et de vos compositeurs, épurez le goût de votre public, épurez la population de vos premières loges et n’y laissez entrer que de jeunes et jolies femmes, votre mission sera remplie, c’est tout ce que nous voulons. D’ailleurs, voyez à quel point est sage la sagesse des proverbes !

Qui trop embrasse mal étreint !

Il ne faudrait donc jamais s’occuper que d’un seul travail, que d’une seule entreprise, il ne faudrait pas avoir plus d’un vaisseau sur le chantier, plus d’un canon à la fonte, plus d’un régiment à l’exercice. César, qui dictait trois lettres à la fois en trois langues différentes, était un sot ; Napoléon qui, à Moscou, trouvait le temps de réglementer le Théâtre-Français, un esprit léger. Et les maris affligés d’une grosse femme ont donc tort de l’embrasser, car en l’embrassant ils embrassent beaucoup et étreignent mal.

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.

Ce proverbe-ci tend à déconsidérer et à détruire le commerce, ni plus ni moins. Il tend à détruire même l’agriculture, car si le laboureur en tenait compte, il