Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/62

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coup meilleurs que ceux de celui-là, et que monsieur un tel et non pas un autre mérite le premier prix ! J’avais la sueur au front et des glaçons dans le dos en y songeant. Dieu me pardonne si, par mon vote, j’ai causé la mort de quelques centaines de blessés anglais, français, piémontais, et même russes, mal opérés en Crimée par suite du prix donné à de mauvais instruments de chirurgie !…

Peu à peu néanmoins mes remords se sont calmés ; le feu a bien pris à la mine, mais la montagne n’a pas sauté, comme toujours, et le fourneau ne contient à cette heure qu’une petite quantité d’eau pure. J’ai donné dernièrement à Paris un prix à une clef de Garengeot pour arracher les dents, sans éprouver aucune douleur. D’ailleurs, l’institution des groupes ayant été adoptée en Angleterre et en France, et personne ne s’en étant plaint, il faut bien qu’elle soit bonne, utile, morale, et je n’ai que la honte d’avouer la faiblesse d’intelligence qui me met dans l’impossibilité de comprendre sa raison d’être. — Il y a un peu d’ironie dans votre humilité, direz-vous ; sans doute le groupe dont vous faisiez partie aura contrarié la classe des musiciens en infirmant quelques-uns de ses jugements, et vous lui gardez rancune ? — Ah ! certes, non. Le groupe a essayé à peine deux ou trois fois de soutenir que nous nous étions trompés, et en toute autre occasion nos confrères non musiciens ont levé leur main droite pour le vote affirmatif, avec un ensemble qui les montrait dignes de l’être. Non, ce sont