Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/64

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commencer leur opération, nous criaient du théâtre : Numéro 37, ou numéro 20, etc. Chacun des jurés prenait ses notes d’après cette désignation. Quand ensuite le deux cent soixante-dixième air était exécuté, les jurés, non contents de cette épreuve, descendaient sur le théâtre, examinaient de près le mécanisme de chaque instrument, en touchaient eux-mêmes le clavier, et modifiaient ainsi, s’il y avait lieu, leur première opinion. Le premier jour, on entendit un nombre considérable de pianos à queue. Les sept jurés en distinguèrent tout d’abord six dans l’ordre suivant :

Le no 9 obtint l’unanimité pour la première place ;

Le no 19 obtint également l’unanimité pour la seconde ;

Le no 5 eut 6 voix sur 7 pour la troisième ;

Le no 11, 4 voix sur 7 pour la quatrième ;

Le no 17, 6 voix pour la cinquième ;

Le no 22, 5 voix pour la sixième.

Les jurés, pensant que la position des pianos sur le théâtre, position plus ou moins rapprochée de certains réflecteurs du son, pouvait rendre les conditions de sonorité inégales, imaginèrent alors d’entendre une seconde fois ces six instruments dans un autre ordre et après les avoir tous déplacés. En outre, pour ne pas subir l’influence d’une première impression, ils tournèrent eux-mêmes le dos à la scène pendant le déplacement des instruments, dont ils connaissaient la couleur, la forme et la place, voulant ignorer où ils allaient être portés. Ils les entendirent ainsi sans se retourner,