Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/68

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cants de pianos, orgues, flûtes, trompettes, tambours, guitares et tamtams. Ensuite quand nous avoir bien étudié, examiné, entendu tout, nous, les vrais juges, être obligés d’aller trouver d’autres juges qui n’avaient pas étudié, examiné ni entendu les instruments de musique, et de leur demander si nous avions trouvé les vrais meilleurs. Eux répondre à nous que non. Alors nous encore une fois très en colère, très-fâchés, vouloir quitter la France et l’Exposition. Puis redevenir avec les autres juges tous tayos, tous amis ; et pour nous rendre notre politesse, ceux-là qui avaient bien examiné, bien étudié, les mérés[1], les maros, les prahos, les tapas, les couronnes, exposés par les gens de Taïti, nous demander s’ils avaient bien fait de donner le prix à la Taïti-Ouna[2]. Nous, bons garçons, qui ne savions rien, répondre tout de suite que oui. Et les juges décider qu’une médaille d’argent serait offerte à Majesté gracieuse, pour les couronnes en écorce d’arrow-root que belle reine a envoyées à ces pauvres hommes d’Europe qui n’en avaient jamais vu. Alors aller tous kaïi-kaï, tous manger ensemble ; et pendant le déjeuner, les juges des nations beaucoup parler de gracieuse Taïti-Ouna, demander si elle sait le français, si elle a plus de vingt ans… Les juges des nations, même les ratitas[3], bien ignorants ; pas connaître un seul mot de la langue kanake, pas savoir que

  1. Massues, tabliers, pirogues, nattes.
  2. Reine de Taïti.
  3. Les nobles.