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« Ah ! ah ! ah ! la trompette marine ! Bravo, parterre ! l’horrible Saxophone ! Bravo, Jupiter !… »




Jaguarita. — Les femmes sauvages.


Tous les hommes civilisés et doués d’un peu d’imagination ont, à une certaine époque de leur vie, partagé la même illusion à l’endroit des femmes sauvages d’Amérique, les confondant avec les gracieuses Taïtiennes, qui ne sont point sauvages du tout. Tous se sont fait un étrange idéal de ces brunes créatures ; tous se les sont représentées armées de charmes merveilleux et terribles. « Une Mexicaine, une Guyanaise, une Chilienne, une jeune Comanche, disaient-ils, c’est la fille enchanteresse de la libre nature, c’est l’ardeur des tropiques, ce sont les yeux de la gazelle, c’est la voix du bengali, c’est la souplesse de la liane, l’audace de la lionne, la fidélité du pigeon bleu ; c’est le parfum de l’ananas, la peau satiné du camélia ; c’est la vierge des dernières amours, l’Atala de M. de Chateaubriand, la Cora de M. de Marmontel, l’Amazily de M. de Jouy. » Ô jeunes idiots ! ô idiots qui n’êtes plus jeunes ! c’est vous qui étiez des enfants de la nature quand vous caressiez de pareilles chimères ! Si vous avez tant soit peu passé l’Atlantique depuis lors, vous êtes bien revenus, n’est-