Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/93

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tre-Lyrique, M. et Mme Meillet ; l’autre encombrait la rue Blanche, depuis la rue Saint-Lazare jusqu’au no 11, où respire la diva adorata, Mme Cabel ; le troisième rassemblement, quatorze fois plus nombreux que les deux autres réunis, entourait le palais de M. Perrin, le directeur de l’Opéra-Comique et du Théâtre-Lyrique[1].

Les rassemblés restaient là, les yeux fixés sur les croisées des monuments que je viens de désigner ; leur regard exprimait un douloureux reproche, et la foule, entourant le jeune chef auquel elle s’était donnée, imitait son silence autour de lui rangée. — Ces nouvelles nouvelles mirent le comble à l’agitation des maires, et accrurent beaucoup l’inquiétude de leur président. Plusieurs voix s’élevèrent presque simultanément du sein du conseil pour demander la parole. La parole fut accordée à tous les orateurs, qui tous, d’un commun accord, se turent aussitôt : vox faucibus hæsit. Telle était l’émotion de chacun. Mais monsieur le président, qui avait conservé encore quelque sang-froid, fit rentrer les porteurs de ces nouvelles nouvelles, et les interrogeant l’un après l’autre :

— Quelle est la cause, leur dit-il vivement, de cette tristesse, de cette mélancolie, de ce désespoir muet, de ces regards désolés, de ces rassemblements, de cette agitation inerte ? De nouveaux symptômes de choléra auraient-ils éclaté dans le faubourg du Temple ?

  1. On voit que je ne fais pas ici de l’histoire contemporaine. Tout dans la direction de ce théâtre et dans les mœurs de ses habitués est changé maintenant.