Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/94

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— Non, monsieur le président.

— Les marchands de boissons alcooliques auraient-ils mis moins de vin que de coutume dans leur eau ?

— Non, monsieur, les boissons à coliques sont toujours les mêmes.

— A-t-on fait circuler quelque fausseté sur le siège de Sébastopol ?

— Non.

— Alors, qu’est-ce donc ?… et pourquoi avoir choisi précisément ces trois monuments pour points de ralliement et pour lieux de rassemblement ? cela m’effraye énormément.

— Monsieur le président, on n’a pas pu le savoir… d’abord, mais ensuite on a fini par le savoir. Il paraîtrait que, sauf votre respect, ces gens sont des habitués du Théâtre-Lyrique.

— Eh bien !

— Eh bien, monsieur, ce sont des amateurs passionnés de musique, mais d’une seule espèce de musique, de la musique légère, de la musique douce, comme sont douces leurs habitudes et leurs mœurs. Ils avaient entendu dire et ils s’étaient persuadé que le Théâtre-Lyrique fut créé et mis au monde pour eux, pour satisfaire à ce besoin d’émotions d’art qui les tourmente depuis si longtemps. Ils avaient même conservé cet espoir jusqu’à la dernière ouverture du Théâtre-Lyrique ; ouverture après laquelle cet espoir les a tout d’un coup abandonnés. Ils assurent qu’on les a trompés.

— Nous y voyons clair maintenant, disent-ils ; ce