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Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/26

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les soirées de l’orchestre.

content. Adieu. L’éclat de tes nouveaux triomphes est venu jusqu’à nous ; je t’en félicite et m’en réjouis de toute mon âme. Dieu veuille seulement que le roi François te laisse le temps de répondre à ton ami souffrant et non vengé.

Alfonso della Viola.


Paris, 20 août 1555.


benvenuto a alfonso.


J’admire, cher Alfonso, la candeur de ton indignation. La mienne est grande, sois-en bien convaincu ; mais elle est plus calme. J’ai trop souvent rencontré de semblables déceptions pour m’étonner de celle que tu viens de subir. L’épreuve était rude, j’en conviens, pour ton jeune courage, et les révoltes de ton âme contre une insulte si grave et si peu méritée sont justes autant que naturelles. Mais, pauvre enfant, tu entres à peine dans la carrière. Ta vie retirée, tes méditations, tes travaux solitaires, ne pouvaient rien t’apprendre des intrigues qui s’agitent dans les hautes régions de l’art, ni du caractère réel des hommes puissants, trop souvent arbitres du sort des artistes.

Quelques événements de mon histoire, que je t’ai laissé ignorer jusqu’ici, suffiront à t’éclairer sur notre position à tous et sur la tienne propre.

Je ne redoute rien pour ta constance de l’effet de mon récit ; ton caractère me rassure ; je le connais, je l’ai bien étudié. Tu persévéreras, tu arriveras au but malgré tout ; tu es un homme de fer ; et le caillou lancé contre ta tête par les basses passions embusquées sur ta route, loin de briser ton front, en fera jaillir le feu. Apprends donc tout ce que j’ai souffert, et que ces tristes exemples de l’injustice des grands te servent de leçon.

L’évêque de Salamanque, ambassadeur de Rome, m’avait