Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/347

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dit : « A demain ! » — (Bacon.) « Savez-vous que Corsino me fait peur ? — (Dimski.) Pour écrire des horreurs pareilles, il faut être atteint de la rage. — (Winter.) C’est un Italien ! — (Derwinck.) C’est un Corse ! — (Turuth.) C’est un bandit ! — (Moi.) C’est un musicien ! — (Schmidt.) Oh ! il est clair que ce n’est point un homme de lettres. Quand on n’a en tête que des contes aussi prétentieusement extravagants on ferait mieux d’écrire — (Kleiner l’interrompant.) Une visite à Tom-Pouce, n’est-ce pas ? Envieux ! — (Schmidt.) Timbalier ! — (Kleiner.) Bouffon ! — (Schmidt.) Bavarois ! — (Moi.) Messieurs ! messieurs ! pas de ces vérités-là maintenant. Nous avons le temps de nous les dire demain soir, inter pocula. — (Bacon, en s’en allant.) Décidément, avec son grec, notre hôte me fatigue. Que le diable l’emporte !… »

ÉPILOGUE

Le dîner de l’étrier. — Toast de Corsino. — Toast du chef d’orchestre. — Toast de Schmidt. — Toast de l’auteur. — Fin des vexations des frères Kleiner.

A sept heures, j’entre dans la salle choisie pour le dîner de l’étrier. J’y trouve réunis tous mes bons amis de l’orchestre de X***, y compris leur digne chef et même le joueur de grosse caisse qui ne m’a jamais regardé de très-bon œil. Mais c’est un repas de corps, et le brave homme a cru devoir mettre de côté ses antipathies personnelles pour y prendre part. D’ailleurs, puisqu’il s’agit d’un tutti, a-t-il pensé, « que serait-ce sans la grosse caisse ? » L’assemblée est, comme toutes les réunions d’artistes, gaie et bruyante. Viennent les toasts.

Corsino le premier se lève son verre à la main ; « A la musique, messieurs ! s’écrie-t-il, son règne est arrivé ! Elle protége le drame, elle habille la comédie, elle embaume la tragédie, elle loge la peinture, elle enivre la danse, elle met à la porte ce petit vagabond de vaudeville ; elle mitraille les ennemis de ses progrès ; elle jette par les croisées les représentants de la routine ; elle triomphe en France, en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en Russie, en Amérique