Ce système est sans doute infiniment supérieur à la méthode contraire, adoptée aujourd’hui par la plupart des compositeurs français et italiens, et qui consiste à écrire les cors absolument comme des bassons ou des clarinettes, sans tenir compte de la différence énorme qui existe entre les tons bouchés et les tons ouverts, comme aussi entre certains sons bouchés et certains autres, sans se soucier de la difficulté qu’il y a pour l’exécutant à prendre telle ou telle note après une autre qui ne l’amène pas naturellement, de la justesse douteuse, du peu de sonorité ou du caractère rauque, étrange des intonations qu’on prend en bouchant les deux tiers ou les trois quarts du pavillon, sans avoir l’air de se douter enfin qu’une connaissance approfondie de la nature de l’instrument, le goût et le bon sens puissent avoir quelque chose à démêler avec l’emploi des sons que ces maitres écoliers jettent ainsi à tout hasard dans l’orchestre. La pauvreté même des anciens est évidemment préférable à cet ignorant et odieux gaspillage. Quand on n’écrit pas les sons bouchés pour un effet particulier il faut au moins éviter ceux dont la sonorité est trop faible et trop dissemblable des autres sons du cor.
Tels sont le Ré ♮ et le Ré ♭ en dessous des portées. |
le La ♮ et le Si ♭ bas | et le La ♭ du médium |
qui ne devraient jamais être employés comme notes de remplissage, mais seulement, afin de produire des effets inhérents à leur timbre sourd, rauque et sauvage.
Pour un dessin mélodique dont la forme exige impérieusement la présence de cette note, j’excepterais
seulement le La bémol du médium :
Le Si bémol bas | a été placé une fois avec une excellente intention |
dramatique par Weber dans la scène du
Freyschutz ou Gaspard conjure Samiel ; mais ce son est tellement bouché et conséquemment tellement sourd qu’on ne l’entend pas ; il ne pourrait être remarqué que si l’orchestre entier se taisait au moment de son émission.
Ainsi, le La bémol du médium, écrit par Meyerbeer dans la scène des nones de Robert le Diable, quand Robert s’approche du tombeau pour cueillir le rameau enchanté n’attire tellement l’attention que grâce au silence de presque tous les autres instruments : et cependant cette note est beaucoup plus sonore que le Si bémol bas.
Il peut résulter dans certaines scènes d’horreur silencieuse, un très grand effet de ces notes bouchées à plusieurs parties ; Méhul est le seul, je crois qui l’ait entrevu, dans son opéra de Phrosine et Mélidore.