Page:Berlioz - Traité d’instrumentation et d’orchestration.djvu/257

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C’est ici le lieu de faire observer aux compositeurs que dans les chœurs accompagnés par des instruments, l’harmonie des voix doit être correcte, et traitée comme si elles étaient seules. Les diverses timbres de l’orchestre sont trop dissemblables des timbres vocaux pour remplir auprès d’eux l’office dune basse d’harmonie, sans laquelle certaines successions d’accords deviennent fautives. Ainsi Gluck, qui dans ses ouvrages a souvent employé les progressions de tierces et sixtes à trois parties, en a fait usage même dans ses chœurs de Prêtresses d’Iphigénie en Tauride, chœurs de Soprani écrits à deux parties seulement. On sait que dans ces successions harmoniques la seconde partie se trouve à la quarte au dessous de la première, l’effet de ces suites de quartes n’est adouci que par celui de la Basse écrite à la tierce au dessous de la partie intermédiaire, et à la sixte au dessous de la partie supérieure. Or, dans les chœurs de Gluck que je viens de citer, les voix de femmes exécutant les deux parties hautes sont donc écrites en successions de quartes, la partie grave qui complète les accords et les rend harmonieux est confiée aux Basses instrumentales, dont le son diffère essentiellement de celui des Soprani et dont il est trop distant, d’ailleurs, par son extrême gravité et par son point de départ. Il en résulte qu’au lieu de chanter des accords consonnants, les voix isolées sur la scène et éloignées de l’orchestre font entendre des séries de quartes devenues dissonnantes ou, si l’on veut, très âpres, par l’absence apparente de la Sixte.

Si l’âpreté de ces successions est d’un effet dramatique dans le chœur du premier acte de l’opéra cité : « Ô songe affreux, » il n’en est pas de même quand les Prêtresses de Diane viennent (au quatrième acte) chanter l’hymne, d’un coloris si antique et si beau cependant, « Chaste fille de Latone. » Il faut reconnaître qu’ici la pureté harmonique était de rigueur. Les suites de quartes qu’on y trouve, laissées à découvert dans les voix, sont donc une erreur de Gluck, erreur qui disparaîtrait, si une troisième partie vocale se trouvait, au dessous de la seconde, à l’octave haute des Basses de l’orchestre.

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