Page:Berlioz - Traité d’instrumentation et d’orchestration.djvu/297

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Dans le célèbre Chœur des Démons de son Orphée, Gluck a établi une relation Enharmonique entre deux parties dans une tonalité indéterminée. Je veux parler du passage sur lequel J. J. Rousseau et d’autres ont écrit tant de folies basées sur la différence qu’ils croyaient trouver entre le Sol bémol et le Fa dièze.


\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
\layout {
  indent = 18 \mm
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
}
global = {
  \language "italiano"
  \override Rest #'style = #'classical
  \time 4/4
  \key sib \major
}
Txtorphee = \lyricmode {
Spec- tres! lar- ves!
}
Txtchoeur = \lyricmode {
non non
}

orchun = \relative do'' {
  \global
  \clef treble
  <do la mib fa,>4\p <do la mib fa,> <do la mib solb,> <do la mib solb,> | <do la mib fa,> <do la mib fa,> <do la mib solb,> <do la mib solb,> \bar "||"
}

orphee = \relative do' {
  \global
  \clef alto 
  mib4 do r2 | mib4 do r2 \bar "||"
}

choeur = \relative do {
  \global
  \clef bass
  r2\ff^\markup { \fontsize #-2 "Ténors et Basses." } fad2 | r2 fad2 \bar "||"  
}

orchdeux = \relative do' {
  \global
  \clef treble
  r2\ff <fad fad,>2 | r2 <fad fad,>2 \bar "||"
}

%Partition
\score {
  <<
    \new Staff \with {
      instrumentName = \markup {\column { 
        \line {\fontsize #-2 { "   " \concat { 1 \super er } Orchestre }}
        \line {\fontsize #-2 { "Violons, Altos et" }}
        \line {\fontsize #-2 { "Basses (pizzicato)" }}}}
    } \orchun
    \new Staff \with {
      instrumentName = \markup {\fontsize #-2 "Orphée."}
    }  <<
      \new Voice = "orphee" {
       \orphee 
    }
  >>
  \new Lyrics \lyricsto "orphee" {
    \Txtorphee
  } 

    \new Staff \with {
      instrumentName = \markup {\fontsize #-2 "Chœur." }
    } <<
      \new Voice = "choeur" {
        \choeur 
    }
   >>
  \new Lyrics \lyricsto "choeur" {
    \Txtchoeur
  } 
    
    \new Staff \with {
      instrumentName = \markup {\column { 
        \line {\fontsize #-2 { "   " \concat { 2 \super e } Orchestre }}
        \line {\fontsize #-2 { "Violons, Altos et" }}
        \line {\fontsize #-2 { "   Basses (arco)" }}}}
    } \orchdeux
  >>
  \layout { }
}

S’il était vrai que l’exécution laissât apercevoir ici une différence entre le fa dièze du chœur et le sol bémol des basses (Pizzicato) cette différence, je le répète ne produirait qu’une discordance intolérable et anti-musicale, l’oreille en serait révoltée et voilà tout. Bien loin de là l’auditeur est profondément ému par un sentiment d’effroi grandiose, très musical. Il ne sait à la vérité quelle est la tonalité qu’il entend, est-ce Si , est-ce Sol mineur ? il l’ignore ; peu lui importe ; mais rien ne le blesse dans l’association des diverses parties instrumentales et vocales. Le Fa dièze du chœur et du second orchestre produit le prodigieux effet que nous connaissons à cause de la manière imprévue dont il est amené, de l’accent sauvage qui lui est propre dans cette indécision de la tonalité, et non point à cause de sa prétendue et monstrueuse discordance avec le sol bémol. Il faut d’ailleurs être d’une ignorance enfantine des phénomènes de la sonorité, pour ne pas reconnaître que cette discordance ne saurait en aucun cas être la cause de l’effet produit, puisque le Sol bémol pizzicato de quelques basses jouent Piano est nécessairement couvert, ou, pour mieux dire, anéanti, par l’entrée subite de cinquante ou soixante voix d’hommes à l’unisson et de tout le reste de la masse des instruments à cordes attaquant (col arco) le Fa dièze fortissimo.

Ces raisonnements saugrenus, ces divagations des gens de lettres, ces conclusions absurdes des savans, possédés les uns et les autres de la manie de parler et d’écrire sur un art qui leur est étranger, n’ont pas d’autre résultat que de faire rire les musiciens ; mais cela est fâcheux ; le savoir, l’éloquence, le génie, devraient toujours rester environnés de l’admiration et du respect qui leur sont dus.

Après cette longue digression, je reviens an Concertina anglais, dont voici la gamme barbare :


\language "italiano"

upper = \relative do' {
\clef treble
\key do \major
\override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
\cadenzaOn
sol4^\markup { \hspace #-1 \fontsize #-2 "Notes de la tablette gauche." } sold s
sib si s re red s fa fad s lab la s do dod s  mib mi s sol sold s sib si s re red s fa fad s la s do \bar "||"
}%upper

lower = \relative do' {
\clef treble
\key do \major
\override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
\cadenzaOn
lab4^\markup { \hspace #-1 \fontsize #-2 "Notes de la tablette droite." } la s 
do dod s mib mi s sol sold s sib si s re red s fa fad s lab la s do dod s mib mi s sol sold s sib si s \bar "||"
}%lower

\score {
\new PianoStaff <<
\new Staff = upper { \upper }
\new Staff = lower { \lower }
>>
\layout{
  indent = 0\mm
  \override Score.BarNumber #'break-visibility = #'#(#f #f #f)
  \set fontSize = #-2
} %layout
} %score
\header { tagline = ##f}

Le Concertina, malgré la disposition de l’exemple précédent s’écrit sur une seule ligne et sur la clef de Sol. Le trille est praticable à tous les degrés de l’échelle ; moins aisément toute fois dans l’extrémité inférieure. Le trille double (en tierce) est facile.

On peut exécuter sur cet instrument des traits diatoniques, chromatiques, ou arpégés, d’une assez grande rapidité. Il est possible d’ajouter à la partie principale, si non plusieurs autres parties compliquées, comme sur le Piano et l’Orgue, au moins une seconde partie marchant à peu près parallèlement à la mélodie, et des accords plaqués, à 4, à 6 notes, et plus riches encore :

Exemple.

\language "italiano"
\score {
\relative do'' {
\time 6/8
\key do \major
\clef treble 
\override Rest #'style = #'classical
\partial 8 <sol mi>8 | <do mi,>4. \stemUp <re sol,> | \stemNeutral <mi do> r4 <fa re>8 |
<sol mi>[ <la fa> <sol mi>] <fa re>[ <mi do> <fa re>] | <mi do>4. r4 r8 |
<re si sol fa>2. | \stemDown <mi do sol mi> |
<< { \stemDown <re do lab re,>2. } \\ { \stemUp  fa4. fad4. } >> | 
<< { <sol re si sol re sol,>2.\fermata } \\ { sol,4. fa!4.\fermata } >> \bar "||"
}
  \layout {
    indent = 0\cm
    % line-width = #120
    \set fontSize = #-2
  } %layout
}%score
\header { tagline = ##f}

Le Concertina allemand, très répandu aussi en Angleterre, n’est pas construit d’après le système du précédent. Sa gamme, qui s’étend davantage

au grave (il descend à l’Ut et au Si )

\language "italiano"
\relative do {
\clef treble 
\override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
\cadenzaOn
do1 sib \bar "||"
}

\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
ne contient point


d’intervalles Enharmoniques ; il est en conséquence construit d’après la loi du tempéramment. L’étendue des Concertinas varie avec le nombre des clefs, boutons ou touches, qu’on leur donne ; et ce nombre change suivant le caprice des facteurs. Au reste cet instrument a cela de commun avec la guitare que le compositeur pour pouvoir le traiter d’une façon avantageuse, doit en posséder le mécanisme et en jouer lui-même plus ou moins bien.