Si on le doublait à l’octave il serait impraticable
Le trille existe sur la harpe, mais son effet n’est tolérable que sur les notes hautes seulement. Le martellement de la même note, disgracieux et difficile sur les anciennes harpes à cause du petit grincement produit sur la corde par le second doigt qui venait l’attaquer après le premier et interrompait sa vibration.
Est facile et d’une bonne sonorité sur les nouvelles, le double mouvement des pédales permettant de hausser d’un ton la corde voisine de celle qui représente le son martelé, et le martellement s’exécutant alors sur deux cordes à l’unisson.
On obtiendra en outre et plus simplement le martellement à deux ou à quatre parties, très utile quelquefois à l’orchestre, en employant deux ou plusieurs harpes, et en écrivant des batteries croisées qui ne présentent aucune difficulté d’exécution et produisent exactement l’effet désiré.
L’effet des harpes, (quand il ne s’agit pas d’une musique intime destinée à être écoutée de près, dans un salon,) est d’autant meilleur qu’elles sont en plus grand nombre.
Les notes, les accords, les arpèges qu’elles jettent alors au travers de l’orchestre et du chœur, sont d’une splendeur extrême. Rien de plus sympatique avec les idées de fêtes poetiques, de pompes religieuses, que les sons d’une grande masse de harpes ingénieusement employée. Isolément ou par groupes de deux, trois ou quatre, elles sont encore d’un très heureux effet, soit pour s’unir à l’orchestre, soit pour accompagner des voix ou des instruments solos. De tous les timbres connus, il est singulier que ce soit le timbre des Cors, des Trombones, et en général des instruments de cuivre, qui se marie le mieux avec le leur. Les cordes inférieures (en exceptant les cordes molles et sourdes de l’extrémité grave) dont le son est si voilé, si mystérieux et si beau, n’ont presque jamais été employées que pour les basses d’accompagnement de la main gauche ; c’est à tort. Il est vrai que les harpistes se soucient peu de jouer des morceaux entiers dans ces octaves assez éloignées du corps de l’exécutant, pour obliger celui-ci à se pencher en avant en étendant les bras, et à conserver ainsi plus ou moins longtemps une posture gênante ; mais cette raison a dû être de peu de poids pour les compositeurs. La véritable, c’est qu’ils n’ont pas songé à tirer parti de ce timbre spécial.