Les sons harmoniques sortent très bien sur la Guitare et on en fait en maintes occasions un très heureux usage. Les meilleurs sont ceux qu’on produit en effleurant l’octave, la quinte, la quarte et la tierce majeures des cordes à vide.
Ainsi que nous l’avons expliqué aux chapitres des instruments à archet, l’octave effleurée fait entendre cette même octave.
En effleurant les octaves des 6 cordes à vide
EXEMPLE. En effleurant les quartes des six cordes à vide.
EXEMPLE. En effleurant les quintes des six cordes à vide.
EXEMPLE. En effleurant les 3ce Maj. des six cordes à vide.
EXEMPLE. En effleurant les 3ce Mineures des six cordes à vide.
Ces derniers sons harmoniques sont les moins sonores et sortent difficilement. Il est bien entendu que cette expression de sons réels est relative au diapason propre à la Guitare et non point au diapason général ; car absolument parlant, ces sons réels sont entendus à l’octave inférieure comme tous les autres sons de cet instrument.
On peut encore produire sur chaque corde des gammes chromatiques et diatoniques en sons harmoniques artificiels. Il s’agit pour cela d’appuyer avec les doigts de la main gauche sur les notes qu’on veut faire entendre à l’octave supérieure, d’effleurer ensuite le milieu de la corde avec l’index de la main droite et de pincer derrière l’index avec le pouce de cette même main.
On ne peut, je le répète, sans en jouer écrire pour la Guitare des morceaux à plusieurs parties, chargés de traits et dans lesquels toutes les ressources de l’instrument sont mises en œuvre. Il faut, pour se faire une idée de ce que les virtuoses savent produire en ce genre, étudier les compositions des célèbres guitaristes tels que Zani de Ferranti, Huerta, Sor, etc.
Depuis l’introduction du Piano dans toutes les maisons où existe la moindre velléité musicale, la Guitare est devenue d’un usage assez rare, partout ailleurs qu’en Espagne et en Italie. Quelques virtuoses l’ont cultivée et la cultivent encore comme un instrument solo, de manière à en tirer des effets délicieux autant qu’originaux. Les compositeurs ne l’emploient guère à l’église, au théâtre, ni au concert. La faible sonorité dont elle est pourvue, et qui ne permet pas de l’associer à d’autres instruments ni à plusieurs voix douées d’un éclat ordinaire, en est sans doute la cause. Son caractère mélancolique et rêveur pourrait néanmoins être plus souvent mis en évidence ; le charme en est réel, et il n’est pas impossible d’écrire de manière à le laisser appercevoir. La Guitare, à l’inverse de la plupart des instruments, perd à être employée collectivement. Le son de douze Guitares jouant à l’unisson est presque ridicule.