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Le signe indique qu’il faut remettre les étouffoirs en quittant la Pédale ; on le place aussi souvent qu’on peut au moment où l’harmonie change, afin d’empêcher que la vibration des notes du dernier accord ne se prolonge pendant l’accord suivant. Eu égard à cette prolongation excessive du son de chaque note, il faut le plus possible, lorsqu’on emploie la grande Pédale, éviter les appogiatures altérées et les notes de passage dans le médium de l’instrument, car ces notes se prolongeant comme les autres et s’introduisant par là dans l’harmonie, à laquelle cependant elles sont étrangères, produisent d’intolérables discordances. Dans l’extrémité supérieure du clavier seulement où les cordes très courtes résonnent moins longtemps, ces broderies mélodiques sont praticables.
On fait quelquefois les mains se croiser, soit en obligeant la main droite à passer au dessous de la gauche, soit en faisant la gauche passer au-dessus de la droite.
Le nombre des combinaisons de cette nature, entre les diverses parties exécutables sur le Piano, est fort considérable, il serait vraiment impossible de les indiquer toutes ici ; c’est en étudiant les compositions des grands virtuoses, celles de Liszt surtout, qu’on pourra se former une idée juste du point où l’art du Piano est parvenu aujourd’hui.
On y verra que les bornes du possible sur cet instrument sont inconnues, et que chaque jour, des prodiges nouveaux accomplis par les exécutants, semblent les reculer.