Comme pour la Harpe, il est mieux dans certains cas, dans les arpèges par exemple, ne pas trop rapprocher les deux mains. Un arpège comme le suivant serait assez incommode :
Il vaut donc incomparablement mieux l’écrire ainsi :
Les gammes diatoniques et chromatiques à deux mains en tierces sont faciles cependant :
Ces mêmes gammes à deux parties, sont praticables par une seule main, quoique difficiles dans un mouvement vif. On peut en outre, dans les tons peu chargés de dièses ou de bémols, écrire pour les deux mains des suites de sixtes-tierces à trois parties.
Le Piano, d’ailleurs, au point de perfectionnement où nos habiles facteurs l’ont porté aujourd’hui, peut être considéré sous un double point de vue : comme instrument d’orchestre ou comme étant lui-même un petit orchestre complet. On n’a qu’une seule fois encore jugé à propos de l’employer dans l’orchestre au même titre que les autres instruments, c’est-à-dire pour apporter à l’ensemble les ressources qui lui sont propres, et que rien ne pourrait remplacer. Certains passages des concertos de Beethoven auraient dû cependant attirer de ce côté l’attention des compositeurs. Sans doute ils ont tous admiré le merveilleux effet produit, dans son grand Concerto en Mi bémol, par les batteries lentes des deux mains du Piano en octaves à l’aigu, pendant le chant de la Flûte, de la Clarinette et du Basson, et sur les contretemps des instruments à cordes. Ainsi entourée, la sonorité du Piano est on ne peut plus séduisante ; c’est plein de calme et de fraîcheur ; c’est le type de la grâce.