Page:Berlioz - Voyage musical en Allemagne et en Italie, II, 1844.djvu/52

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à la répétition, furent naturellement excitées à un degré peu ordinaire.

A l’ouverture de la séance, me méfiant un peu de l’habileté de Grasset, l’ex-chef d’orchestre du théâtre Italien, qui dirigeait alors, j’allai me placer à côté de lui, mon manuscrit à la main. La pauvre Malibran, attirée aussi par la rumeur de la veille, et qui n’avait pas pu trouver place dans la salle, était assise sur un tabouret, auprès de moi, entre deux contrebasses. Je la vis ce jour-là pour la dernière fois. Mon decrescendo commence :

(La cantate débutant par ce vers : Déjà la nuit a voilé la nature, j’avais dû faire un Coucher du soleil, au lieu du Lever de V Aurore consacré. Il semble que je sois condamné à ne jamais agir comme tout le monde, à prendre la vie et l’Académie à contre-poil !)

La cantate se déroule sans accident ; Sardanapale apprend sa défaite, se résout à mourir, appelle ses femmes ; l’incendie s’allume , on écoute, les initiés de la répétition disent à leurs voisins :

(( Vous allez entendre cet écroulement, c’est étrange, c’est prodigieux !

Cinq cent mille malédictions sur les musiciens qui ne comptent pas leurs pauses ! ! ! une partie de cor donnait dans ma partition la réplique aux timbales, les timbales la donnaient aux cymbales,