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LA VILLE AUX ILLUSIONS

Elle revint tout de suite, portant dans ses bras un adorable bébé qui ouvrait tout étonné ses yeux encore gonflés de sommeil.

— Il vient dire au revoir à papa ! dit-elle en riant pour dissimuler son émotion.

Jean enveloppa à la fois dans ses bras la mère et l’enfant, et partagea ses baisers.

— Tu ne reconnaîtras plus papa quand tu le reverras ! fit la jeune femme. Tu verras comme il sera beau !

Elle se haussa encore une fois vers son mari et l’embrassa. Elle avait le cœur gros, mais voulait être brave. Jean serra la main de l’abbé Murillot, prit congé des voisins et monta dans la charrette.

— Hue, Marquise !

La carriole roula entre les deux haies de l’allée. Jean se détourna et agita la main en dernier adieu. Là-bas, sur le seuil du cher foyer, il voyait près l’une de l’autre la mère et Marcelle, et celle-ci tenant la menotte frêle, faisait envoyer au voyageur une pluie de baisers en dernier réconfort.

Enfin, on gagna la grand’route. La jument accéléra l’allure. Cette fois, on était bien parti…

Aucun découragement n’attristait plus le cœur du jeune homme. Il savait que la séparation serait courte. Et là-bas, dans la vieille ferme, il avait sa place marquée, la place qu’il reprendrait dans quelques mois, pour ne plus jamais la quitter, entre ses vieux, sa petite compagne et son fils…


FIN