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LA VILLE AUX ILLUSIONS

ques saillies, quelques boutades, et il sentit qu’il intéressait son petit auditoire.

Arlette, tandis qu’il parlait, l’écoutait d’un air sage, les deux mains croisées sur les genoux. Dans sa robe de lainage léger couleur gris-bleu, elle paraissait mignonne et fragile comme une poupée.

Cependant, le temps passait. Jean ne pouvait s’éterniser pour une première visite. Il le comprit et se leva.

— Déjà ? s’exclama M. Fousseret. Mais c’est une apparition, cela ?

— Peut-être avez-vous des camarades qui vous attendent, suggéra Mme Fousseret. Si c’est ainsi, dit-elle à son mari, nous ne devons pas le retarder.

Jean sourit.

— Oh ! non, Madame ! Je vis un peu en sauvage, vous savez…

— Comment ? Vous n’aviez pas de projet, par ce beau dimanche ?

— Aucun, si ce n’est celui de venir vous voir.

— Vous êtes très gentil ! Mais, en ce cas, serions-nous indiscrets, si nous vous demandions de bien vouloir prendre le thé avec nous ?

— Vraiment, Madame, je n’ose…

— Osez, osez ! fit M. Fousseret, en riant. Si on vous l’offre, c’est de bon cœur !

— Osez, Monsieur ! ajouta Arlette en souriant.

— J’aurais mauvaise grâce à refuser devant tant d’insistance, fit Jean, conquis.

— Nous ferons tout à fait votre connaissance, reprit M. Fousseret. Quoique moi, je me souviens très bien de vous… Il y a longtemps que nous avons le château de Gréoux, n’est-ce pas, Hélène ?

— Oui, mon ami, répondit majestueusement la bonne dame.

— Au moins vingt ans… Vous voyez ça, hé ! hé ! Ça commence à compter… Quel âge avez-vous ?

— Je vais avoir dix-huit ans…

— Tiens ! Vous êtes presque du même âge qu’Arlette… Eh bien ! je me rappelle, oui ! quand vous