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LA VILLE AUX ILLUSIONS

deux minutes ? Je vais les chercher et je reviens… Elles seront enchantées de faire votre connaissance.

Et sans attendre la réponse, le pétulant petit homme se leva et disparut.

Il revint bientôt en compagnie d’une dame d’un certain âge, assez forte et à l’air imposant, devant laquelle Jean s’inclina respectueusement.

Mais ce ne fut pas à elle qu’il accorda toute son attention. Tout de suite, son regard fut attiré par la troisième personne qui accompagnait le groupe.

C’était une ravissante jeune fille qui paraissait avoir dix-sept ou dix-huit ans. D’opulentes boucles noires encadraient un délicieux visage mordoré, au teint chaud, qui semblait garder sur lui un dernier rayon de soleil. Des yeux gris, tendres et gais, une petite bouche, aux lèvres charnues, mobiles, rouges, encore avivées par un fard savant, lui donnaient un charme très réel. De faille moyenne, mais bien prise, mince, mais potelée, elle composait une fort jolie personne que Jean contempla un long moment sans rien dire.

Heureusement, on ne s’en aperçut pas. Mme Fousseret débitait un compliment de bienvenue dont Je jeune homme n’entendit pas le premier mot. Ce qu’il comprit fort bien, par contre, ce fut une petite phrase banale, mais agrémentée du plus joli sourire du monde :

— Très heureuse, Monsieur, de faire votre connaissance.

Il balbutia une vague réponse et en resta confus. Il se jugea sot. Il aurait voulu répliquer par une phrase spirituelle, qui lui eût conquis d’emblée, l’admiration de la jeune personne. Mais il ne trouva rien, et pour un futur avocat, il pensa que l’échec était encore plus humiliant.

Mme Fousseret lui posa quelques questions sur le pays, grâce auxquelles il put retrouver son aplomb. Sa timidité s’envola et quelques instants plus tard, ils bavardaient tous les quatre comme des amis de toujours. Il eut quelques remarques heureuses, quel-