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LA VILLE AUX ILLUSIONS

éventuel. Ils y grimpèrent et Jean, d’une voix ferme, donna l’adresse.

Le Bois de Boulogne était splendide. À l’entrée, Arlette fit arrêter et sauta à terre.

— Nous allons marcher un peu, déclara-t-elle. Cela nous fera du bien et je me sens complètement reposée.

Jean régla le taxi, puis ils prirent une allée qui s’enfonçait dans l’épaisseur du bois. Arlette passa sa petite main gantée sous le bras de son compagnon.

— Vous permettez ? fit-elle, coquette. J’ai au moins dix centimètres de talon et je sens que je vais me tordre un pied si vous ne me prêtez l’appui tutélaire dont j’ai besoin.

— Nous aurions mieux fait de garder l’auto, remarqua-t-il.

— Non ; n’est-ce pas gentil d’aller ainsi, tous les deux ?

— Certes ! Pour ma part, je ne saurais souhaiter davantage… Je suis si heureux lorsque je me trouve près de vous !

Elle lui glissa un petit coup d’œil malicieux.

— Vraiment ?

— Vraiment…

Il ne sait que dire de plus. Il est encore malhabile pour tourner un madrigal, avouer l’amour qu’il sent palpiter en lui jusqu’à l’étouffement… Toutes les belles phrases qu’il a pensées, il ne s’en souvient plus… Pour terminer sa phrase, il prend la petite main et la serre avec force.

Mais Arlette n’est pas aussi embarrassée que lui. Elle bavarde, bavarde comme un oiseau, s’amusant de la mine de son cavalier, dont elle devine fort bien, la fûtée, les sentiments…

Et pourquoi, demande-t-elle, êtes-vous heureux, lorsque nous sommes ensemble ?

Parce que… parce que… J’ai beaucoup d’affection pour vous, mademoiselle Arlette…

— Moi aussi, dit-elle d’un air innocent. Vous êtes un bon copain, sûrement, et je vous aime bien…