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LA VILLE AUX ILLUSIONS

faire une tête, ses vieux. Qu’est-ce qu’on allait clabauder, dans le pays !

— Vous savez ? dirait-on, de porte en porte. Le fils au père Gardin ? Ma fi ! pécaïre ! qu’il va épouser la demoiselle du château, la fille à Monsieur Fousseret, celui qui est si riche !

Et les langues de marcher…

Tout d’un coup, il songea qu’il lui faudrait aller faire la demande officielle aux parents d’Arlette. Comment allaient-ils prendre la démarche ? Et s’ils allaient refuser ?

— Bah ! Arlette est enfant unique ; ils ne voudront pas la désespérer, pensa-t-il en se couchant. Elle pleurera, boudera, et finira par imposer sa volonté… Elle m’aime aussi, c’est visible… Nous serons unis… Nous serons heureux !

CHAPITRE IV


Ce fut une considération bien matérielle qui le fit redescendre sur la terre… En faisant ses comptes, le lendemain matin, il dut convenir que la journée passée avec Arlette avait sérieusement ébréché son budget. Il fit l’addition : le bouquet d’œillets, le taxi, le goûter… Il avait plus dépensé en ces trois choses qu’en plusieurs jours habituels.

Il resta consterné. Il lui faudrait refuser ces sorties avec la jeune fille ! Et cependant, maintenant, moins que jamais, il le voulait… Et puis, il se rendait très bien compte qu’il aurait besoin d’améliorer sa garde-robe : les femmes aussi élégantes que Mlle Fousseret n’aiment guère être accompagnées par un garçon qui a l’air de sortir tout droit de sa province. Il lui faudrait absolument quelques cravates supplémentaires, un complet de bonne coupe, des souliers fins… Où