prendre cet argent ? Il ne pouvait pas le demander chez lui ; il savait déjà quels sacrifices représentaient ses études et son entretien à Paris, pour son père et sa mère. Il ne voulait pas leur infliger d’autres charges…
Tout préoccupé, il se dirigea vers la Faculté, se promettant bien d’en parler à Georges, à la première occasion. Georges était un type débrouillard. Il l’avait déjà prouvé en le tirant une première fois d’embarras. Peut-être, là encore, trouverait-il quelque chose ?
Le hasard le servit, car devant lui, sur le boulevard Saint-Germain, il aperçut Julien Bossier, Georges Morin et Louis Lassalle, qui remontaient ensemble vers l’École.
Il hâta le pas et ne tarda pas à les rejoindre, tout essoufflé.
— Tiens ! fit Julien en lui secouant la main. Comment ça va ?
— Bien, merci !
— As-tu trouvé ton smoking ? questionna Georges en riant.
— Oui…
— Tu sais, mon vieux, ajouta Louis, bon enfant, faut pas que ça te gêne de nous avouer çà à nous… Nous sommes tous logés à la même enseigne, et j’en connais de plus rupins encore qui tirent le diable par la queue et courent après dix-neuf sous pour faire un franc !
— Tu as l’air encore embêté ? remarqua Georges.
— Plutôt !
— Es-tu encore invité ?
Jean haussa les épaules.
— Ne fais pas ton idiot !
— Merci ! Soyez, donc complaisant pour les gens ! Mais je n’ai pas de rancune, et si je peux te donner encore un conseil…
— Peut-être que oui, répondit enfin le jeune homme, conquis par ce sans-façon amical. Je manque d’argent…
— Si tu crois être le seul, remarqua judicieusement