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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— À d’autres !

— Arlette, j’avais promis…

— Il faut me demander pardon !

— Je vous demande pardon !

— À genoux, s’il vous plaît !

Docile, il se laissa glisser à ses pieds.

— Où allez-vous, ce soir, Monsieur ?

— Avec vous, Arlette !

— Je le sais ! Mais, après ?

— Avec des camarades.

— Masculins ou féminins ?

— Arlette, je vous jure…

— Ne jurez donc pas ! Je vous déteste !

— Moi, je vous aime !

— Tenez, relevez-vous : vous allez dire des sottises et froisser votre pantalon.

Et dans un geste gamin, elle fourrage brusquement dans les cheveux bien tirés en arrière de l’étudiant.

Il se relève, un peu penaud, et bien content tout de même : si Arlette est jalouse, c’est qu’elle l’aime ! Mais, elle a déjà pensé à autre chose :

— Tiens ! j’ai envie de mettre mon soulier dans la cheminée !

Une idée lumineuse lui vient, il se penche vers sa petite camarade et murmure, d’un ton pénétré :

— Si le père Noël vous apportait une bague de fiançailles… que diriez-vous ?

Mais elle éclata de rire.

— Grand merci ! joli cadeau à faire à une enfant ! Car je suppose que la bague de fiançailles implique l’existence d’un fiancé ?

— Sans doute, murmure-t-il, un peu démonté.

— Là ! vous voyez ! je ne veux pas me marier.

C’est pour Jean une douche d’eau froide.

— Pourquoi ça ?

— Tiens, pourquoi ? Parce que je ne veux avoir un monsieur sur le dos… qui m’empêcherait sûrement de me promener avec vous… Et puis, ça ne vous regarde pas !