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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— Tiens ! fit-il. J’ai pensé que ça te ferait, plaisir…

— Merci ! Tu es vraiment gentil, fit Jean touché.

— Est-ce que tu fumes ? reprit Julien.

— Hélas ! le toubib le défend encore !

— Vrai ? Tant pis ; en ce cas, je rengaîne mon cadeau. Ce sera pour ta sortie.

— Moi, dit Louis, je t’ai acheté des pastilles de gomme : c’est sain pour l’estomac et la gorge.

— Vous êtes tout plein mignons, dit le jeune homme en riant, et je vous dis à tous les trois un grand merci. Maintenant, dites-moi ce qu’il y a de nouveau à l’École ?

— Peuh ! tu sais, pas grand’chose. Nous sommes toujours fourrés dans le Code jusqu’au bout du nez, et on se farcit la mémoire de termes ahurissants, qui nous permettront d’épater à notre tour notre semblable et de lui soutirer beaucoup d’argent…

Ils se mirent à rire.

— Eh bien ! fit Jean, tu as des intentions précises, toi, au moins !

— Tes parents sont-ils venus te voir ? questionna Julien.

— Non. Je ne leur ai pas dit. Ils se seraient affolés…

— Oh ! bien sûr…

Au bout d’un moment, ils se levèrent. Cette immobilité, cette atmosphère de l’hôpital leur pesait.

— Eh ! bien ! mon vieux, dit Georges, on te dit au revoir… On reviendra un de ces jours, d’ailleurs… Ne t’en fais pas, dors bien, mange bien et profite de cette cure de repos forcée !

Lorsqu’ils furent partis, Marcelle demanda :

— Ce sont vos camarades, n’est-ce pas ?

— Oui…

— Ils sont gentils…

— De bons types…

Elle essaya de reprendre leur conversation. Mais l’entrain n’y était plus… Elle s’en rendit vite compte. Jean répondait par monosyllabes, et semblait pen-