Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
LA VILLE AUX ILLUSIONS

tout l’immeuble. Il put se glisser dehors sans être aperçu.

Il ne fallait pas compter faire le chemin à pied, comme lorsqu’il allait la voir, à l’automne… Sa faiblesse ne lui aurait pas permis, et d’ailleurs, la tentative aurait pu être dangereuse. Il se résigna donc à reprendre le métro, mais cette fois, il ne s’accorda qu’un billet de seconde classe. Les heures d’affluence étaient passées ; il trouva facilement de la place.

Il descendit à l’Étoile et se dirigea vers l’avenue Hoche. Son cœur battait la chamade, lorsqu’il tira la poignée de sonnette en cuivre, reluisante comme un soleil…

Le même grand valet vint lui ouvrir, et sa figure s’éclaira en reconnaissant le visiteur.

— Entrez, Monsieur, dit-il. Monsieur et Madame sont sortis, mais Mademoiselle est à la maison…

C’était tout ce que souhaitait Jean. Précédant le domestique, il entra dans le petit salon.

— Je vais prévenir mademoiselle !

L’homme disparut. Pour tromper son impatience, l’étudiant s’appliqua à compter les fleurs du tapis.

Enfin, un pas léger se fit entendre, la porte s’ouvrit. Et Arlette, plus fine, plus joie que jamais, parut, perchée sur les hauts talons de ses mules.

— Enfin ! c’est vous ! s’écria-t-elle joyeusement, En lui tendant les mains.

Le jeune homme les lui saisit et les serra à les briser, trop ému pour pouvoir prononcer un mot. Il lui semblait qu’une boule l’étranglait dans la gorge.

— Que je suis contente de vous revoir ! fit-elle, en s’asseyant devant lui et en découvrant des petits pieds coquettement chaussés. Voyons, comment allez-vous, maintenant ?

— Tout à fait mieux, merci…

— Tant mieux ! J’en suis enchantée… C’est sans doute si désagréable, l’hôpital.

— Plutôt ! fit-il, amer.

Elle fit bouffer négligemment quelques plis de sa robe d’intérieur, puis reprit :