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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— J’aurais bien été vous voir… Mais je savais que les visites sont interdites aux malades dans votre genre.

— Plus pendant la convalescence…

— Ah ! oui ! pendant la convalescence, c’est permis… Mais j’ai horreur d’entrer dans un hôpital ; ça m’impressionne, et puis, ça sent toujours si mauvais !

Il sentit un douloureux serrement de cœur en constatant une fois de plus la sécheresse de celle qu’il aimait. Pourtant, il répondit, s’efforçant de la comprendre :

— C’est vrai. Ce n’est guère un endroit pour vous.

— N’est-ce pas ? Enfin, tout est bien qui finit bien, puisque vous voici rétabli…

— Ma première visite a été pour vous, Arlette, murmura-t-il.

— Vraiment ? Vous êtes tout à fait gentil, vous savez ? Voulez-vous rester à dîner ce soir ?

— Non, merci ; je ne le peux pas… Je dois rentrer avant la nuit…

— Bon, je n’insiste pas. J’aurais des remords si vous repreniez du mal. Nous repousserons cela à la semaine prochaine ! D’ailleurs, dimanche en huit, je pense que papa et maman vous prieront d’assister à un grand dîner…

— Un grand dîner ? Je ne suis guère mondain…

— Oh ! c’est un repas tout à fait spécial ! D’ailleurs, je veux vous dire la nouvelle aussi ; vous serez l’un des premiers à l’apprendre… N’êtes-vous pas mon grand ami ?

— C’est vrai, chère Arlette ! fit-il, tout ému, ne retenant que les derniers mots.

— Vous ne me demandez pas quelle est cette nouvelle sensationnelle ? fit-elle en se forçant un peu à rire.

— J’attends que vous me la disiez… C’est votre fête ?

— Oui, mais pas comme vous l’entendez… Je suis fiancée… Jean…

Un coup de massue n’aurait pas ébranlé davantage