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Page:Bernanos - Journal d’un curé de campagne.djvu/143

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D’UN CURÉ DE CAMPAGNE

de rien. Je n’ai d’abord été que cette étincelle, ce grain de poussière rougeoyant de la divine charité. Je ne suis plus que cela de nouveau dans l’insondable Nuit. Mais le grain de poussière ne rougeoie presque plus, va s’éteindre.

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Je me suis réveillé très tard. Le sommeil m’a pris brusquement sans doute, à la place où j’étais tombé. Il est déjà l’heure de la messe. Je veux pourtant écrire encore ceci, avant de partir : « Quoi qu’il arrive, je ne parlerai jamais de ceci à personne, et nommément à M. le curé de Torcy. »

La matinée est si claire, si douce, et d’une légèreté merveilleuse… Quand j’étais tout enfant, il m’arrivait de me blottir, à l’aube, dans une de ces haies ruisselantes, et je revenais à la maison trempé, grelottant, heureux, pour y recevoir une claque de ma pauvre maman, et un grand bol de lait bouillant.

Tout le jour, je n’ai eu en tête que des images d’enfance. Je pense à moi comme à un mort.

(N. B. — Une dizaine de pages déchirées manquent au cahier. Les quelques mots qui subsistent dans les marges ont été raturés avec soin.)

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Le docteur Delbende a été trouvé ce matin, à la lisière du bois de Bazancourt, la tête fracassée, déjà froid. Il avait roulé au