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Page:Bernanos - Journal d’un curé de campagne.djvu/158

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JOURNAL

pris sous une poutre, tel avare un anxieux convaincu de son impuissance et dévoré par la peur de « manquer ». Tel semble impitoyable qui souffre d’une espèce de phobie du pauvre, — cela se rencontre, — terreur aussi inexplicable que celle qu’inspirent aux nerveux les araignées ou les souris. « Cherchez-vous Notre-Seigneur parmi ces sortes de gens ? lui demandais-je. Et si vous ne le cherchez pas là, de quoi vous plaignez-vous ? C’est vous qui l’avez manqué… » Il l’a peut-être manqué, en effet. »

♦♦♦ On est revenu cette nuit (à la tombée de la nuit plutôt) dans le jardin du presbytère. J’imagine qu’on se proposait de tirer la sonnette lorsque j’ai ouvert brusquement la lucarne, juste au-dessus de la fenêtre. Les pas se sont éloignés très vite. Un enfant, peut-être ?

M. le comte sort d’ici. Prétexte : la pluie. À chaque pas, l’eau giclait de ses longues bottes. Les trois ou quatre lapins qu’il avait tués faisaient au fond du carnier un tas de boue sanglante et de poils gris, horrible à voir. Il a pendu cette besace au mur, et tandis qu’il me parlait, je voyais à travers le réseau de cordelettes, parmi cette fourrure hérissée, un œil encore humide, très doux, qui me fixait.

Il s’est excusé d’aborder son sujet tout de suite, sans détours, avec une franchise militaire. Simplice passerait dans tout le village pour avoir des mœurs, des habitudes abo-