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Page:Bernanos - Journal d’un curé de campagne.djvu/265

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D’UN CURÉ DE CAMPAGNE

Il s’est tu. Je l’ai regardé, sans y penser, comme j’ai regardé Mitonnet, ou Mademoiselle, ou… Oh ! oui, je sentais déborder de moi cette tristesse… Mais lui, c’est un homme fort et tranquille, un vrai serviteur de Dieu, un homme. Lui aussi, il a fait face. Nous avions l’air de nous dire adieu de loin, d’un bord à l’autre d’une route invisible.

— « Et maintenant, a-t-il conclu d’une voix un peu plus rauque que de coutume, ne te monte pas l’imagination. Je n’ai qu’une parole, et je te la donne. Tu es un fameux petit prêtre quand même ! Sans vouloir médire de la pauvre morte, il faut avouer que… » — « Laissons cela ! » dis-je. — « À ton aise ! »

J’aurais bien voulu m’en aller, comme j’avais fait une heure plus tôt, dans la cabane du jardinier. Mais il était chez moi, je devais attendre son bon plaisir. Dieu soit loué ! Il a permis que le vieux maître ne me manquât pas, remplît encore une fois sa tâche. Son regard inquiet s’est brusquement raffermi, et j’ai entendu de nouveau la voix que je connais bien, forte, hardie, pleine d’une mystérieuse allégresse.

— « Travaille, a-t-il dit, fais des petites choses, en attendant, au jour le jour. Applique-toi bien. Rappelle-toi l’écolier penché sur sa page d’écriture, et qui tire la langue. Voilà comment le bon Dieu souhaite nous voir, lorsqu’il nous abandonne à nos propres forces. Les petites choses n’ont l’air de rien, mais elles donnent la paix. C’est comme les fleurs des champs, vois-tu. On les croit sans