ils n’étaient tous ni justes ni purs. Ils n’en représentaient pas moins une justice, une sorte de justice qui depuis les siècles des siècles hante la tristesse des misérables, ou parfois remplit leur rêve. Car enfin la justice entre les mains des puissants n’est qu’un instrument de gouvernement comme les autres. Pourquoi l’appelle-t-on justice ? Disons plutôt l’injustice, mais calculée, efficace, basée tout entière sur l’expérience effroyable de la résistance du faible, de sa capacité de souffrance, d’humiliation et de malheur. L’injustice maintenue à l’exact degré de tension qu’il faut pour que tournent les rouages de l’immense machine à fabriquer les riches, sans que la chaudière n’éclate. Et voilà que le bruit a couru un jour par toute la terre chrétienne qu’allait surgir une sorte de gendarmerie du Seigneur Jésus… Un bruit qui court, ce n’est pas grand’chose, soit ! Mais tenez ! lorsqu’on réfléchit au succès fabuleux, ininterrompu, d’un livre comme le Don Quichotte, on est forcé de comprendre que si l’humanité n’a pas encore fini de se venger par le rire de son grand espoir déçu, c’est qu’elle l’avait porté longtemps, qu’il était entré bien profond ! Redresseurs de torts, redresseurs de leurs mains de fer. Vous aurez beau dire : ces hommes-là frappaient à grands coups, à coups pesants, ils ont forcé à grands coups nos consciences. Aujourd’hui encore, des femmes paient très cher le droit de porter leurs noms, leurs pauvres noms de soldat, et les naïves allé-
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