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Page:Bernanos - Journal d’un curé de campagne.djvu/376

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JOURNAL D’UN CURÉ

était plus calme, il a même souri. Bien qu’une juste appréciation des choses me fît une obligation de ne pas me rendre à son désir avec trop de hâte, l’humanité ni l’amitié ne m’eussent permis un refus. J’ajoute que je crois m’être acquitté de ce devoir dans un sentiment propre à vous donner toute sécurité.

Le prêtre se faisant toujours attendre, j’ai cru devoir exprimer à mon infortuné camarade le regret que j’avais d’un retard qui risquait de le priver des consolations que l’Église réserve aux moribonds. Il n’a pas paru m’entendre. Mais quelques instants plus tard sa main s’est posée sur la mienne tandis que son regard me faisait nettement signe d’approcher mon oreille de sa bouche. Il a prononcé alors distinctement, bien qu’avec une extrême lenteur, ces mots que je suis sûr de rapporter très exactement : « Qu’est-ce que cela fait ? Tout est grâce. »

Je crois qu’il est mort presque aussitôt.

FIN