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L’IMPOSTURE

situation comme la mienne comporte des charges, de lourdes charges ! Puissiez-vous tirer de cet aveu une consolation dans vos peines… Nous avons à lutter contre des préventions, des méfiances… Veuillot et ses pareils nous ont fait tant de mal ! Les apôtres laïques sont de trop : chacun à sa place. Ce que nous avons voulu constituer, rassembler, c’est une petite troupe d’hommes sérieux, prudents, pondérés, aussi peu suspects que possible de préjugés de classe, de doctrine, favorables aux idées modernes, même ardemment démocrates… qui soient… qui nous servent… comment dirais-je ?… enfin qui soient nos intermédiaires officieux auprès du pouvoir. Car, sans le pouvoir ! Ne nous faisons pas d’illusions ! Restons en face des réalités. L’État est plus puissant que jamais…

Il avait repris le bras de Pernichon, et le serrait étroitement sur sa poitrine.

— Dans ces conditions, mon pauvre enfant, il n’est pas raisonnable de s’étonner… de se scandaliser… de certaines imperfections… Allez ! Allez ! elles m’apparaissent comme à vous… Ce sont des ombres… de petites ombres… Nous ne les verrons plus dans le rayonnement de l’œuvre achevée… amenée à son point de perfection… L’Église et la société moderne enfin d’accord… réconciliées…

Il baissa la voix.

— J’ai la réputation d’un prélat — pour parler comme une certaine presse — avancé. Cela se peut. Si vous saviez cependant avec quelle joie je me retrouve à Paumiers, — ces vieux curés, ces simples prêtres, très simples… Tenez ! une idée me vient. Vous devriez