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L’IMPOSTURE

— Me voilà, monsieur, dit alors derrière lui une voix inconnue.

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Ce qui venait d’apparaître se rencontre rarement en plein jour, en pleine lumière, dans un appartement à la mode. Peut-être cette disproportion faisait-elle d’ailleurs à elle seule la singularité du spectacle. Mais le contraste était trop fort, déchirait trop le cœur.

Le cou de M. Guérou s’empourpra, tandis qu’une tache blême s’élargissait autour de ses lèvres.

— Sortez ! qui vous appelle ? Sortez donc ! cria-t-il de la même voix tonnante.

Pour fuir plus vite, la petite fille passa par-dessus la table basse où fumait encore la théière sa jambe maigre et son bas sordide. Pernichon vit la face lamentable couleur de peau morte où luisaient des yeux que la terreur rendait farouche. Avait-elle dix ans ou quinze ans ?… Elle disparut.

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— Que t’ai-je dit ? reprit M. Guérou. Comment laisses-tu courir çà et là cette petite ordure ?

— On n’en est plus maître depuis que la garçonnière de la rue d’Ulm est fermée ! fut la réponse.

Pour la première fois depuis le début de cette scène bizarre, l’infirme parut se souvenir de la présence de Pernichon, et il se contenta de hausser les épaules avec une indifférence affectée.

— C’est la faute de Monsieur qui croyait que j’avais frappé Mademoiselle, remarqua le masseur en tablier bleu. Mademoiselle est bien là-bas comme j’ai dit.