Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/170

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qui nous invite à désespérer de l’avenir, mais c’est que de telles horreurs invitent à désespérer de vous, mais c’est que de telles abominations ne posent déjà même plus de cas de conscience individuel. Seraient-elles dix fois plus atroces encore, elles n’en pèseraient pas davantage, ou pis : leur croissante énormité déborderait de plus en plus, si j’ose dire, les limites relativement étroites de la conscience personnelle. Quant au cas de conscience collectif, épargnez-moi cette plaisanterie, ne me faites pas rigoler ! Il n’y a pas de conscience collective. Une collectivité n’a pas de conscience. Lorsqu’elle paraît en avoir une, c’est qu’il y subsiste le nombre indispensable de consciences réfractaires, c’est-à-dire d’hommes assez indisciplinés pour ne pas reconnaître à l’État-Dieu le droit de définir le Bien et le Mal. Chère Madame, je doute que l’être d’élite auquel vous consacrez vos ardeurs appartienne à cette dernière catégorie. Je le devine trop homme du monde